He querido con esta tentativa pictórica, entre pasión y razón, hacerle un homenaje a la palabra poética, la cual por esencia debe ser desnuda y sin florituras. Desnudez cruda, sin prejuicios ni mentiras, viva, insumisa bajo el ardor del silencio que la dora llevándola sobre la ola del eros. Palabra que se escapa, huyéndole sobre todo a los discursos que la enclaustran; también confusa y oscura como venida de un caos inaudible, pero visible para quienes reconocen el esplendor bajo la piel de la apariencia. Voz divina de dioses, escritura táctil y sonora alejada del yo, los poetas durante siglos, cada uno a su manera, la acopian y diseminan sobre el pliego inhabitado. Sin embargo, el cuerpo no es templo de religiones. Sería más bien ese jardín pagano donde musas y poetas intercambian, entre fuentes y cascadas, sus éxtasis fulgurantes. Esplendor que engloba lo tangible y lo impalpable, rindiéndole culto a Orfeo. Y son precisamente los herederos de ese dios seráfico, a quienes aquí solicito, para celebrar como se debe, la magnificencia de la poesía. Comencemos por los más ancianos en su orden: Pierre de Ronsard, Juan de la Cruz, Juan Ramón Jiménez, Paul Valéry, Marina Tsvetaeva, René Char, Eduardo Sanguineti, Salah Stétié y este servidor de musas y de ninfas que siempre he sido con el pincel o la pluma en la mano. Para terminar este introito necesario citaré algunos párrafos del fabuloso libro de Fabrice Midal, el cual os recomiendo: “Por qué la poesía?”. “El poeta es pues el hombre del amor extremo. ¿Pero por qué? Porque el amor nos arranca de nosotros mismos, nos incita a lo imposible, hace estallar los estrechos límites en los cuales vivimos prisioneros. Amando, el poeta no se pertenece más. Hay en él, alguien que es más él mismo, que él… Amar, es tomar el riesgo de entrar desnudo en lo desconocido. Estar dispuesto a perderlo todo. A darlo todo. A todo recibir… ¡El poeta sabe que el coraje más grande es amar verdaderamente! ¡He aquí la gran lección de la poesía! ¡Y su insoportable presencia!"... Bueno, los dejo al fin en compañía de estos cuerpos desnudos y diáfanos, que nos entregan su quintaesencia sin esperar ningún consuelo. ¿Acaso vivimos en un mundo sin amor? Sin amor y sin cultura diría Orfeo haciendo llorar de amargura su lira. Por eso he pintado dichos cuadros, con la esperanza, sin ofuscar a nadie, de estremecer corazones.
Enán Burgos
|
J'ai voulu avec cette tentative picturale, entre passion et raison, rendre hommage à la parole poétique, qui par essence doit être nue et sans fioritures. Nudité crue, sans préjugés ni mensonges, vive, insoumise sous l'ardeur du silence qui la dore en l’emportant sur l’onde de l’éros. Parole qui s'échappe, en fuyant surtout les discours qui l'emprisonnent ; confuse et obscure comme venue d'un chaos inaudible, mais visible pour ceux qui reconnaissent la splendeur sous la peau des apparences. Voix divine des dieux, écriture tactile et sonore détachée du moi, les poètes durant des siècles, chacun à sa manière, l'accueillent, la disséminent sur la feuille inhabitée. Cependant, le corps n'est pas le temple des religions. Ce serait plutôt ce jardin païen où des muses et des poètes échangent, parmi fontaines et cascades, leurs extases fulgurantes. Splendeur qui englobe à son tour le tangible et l'impalpable, rendant culte à Orphée. Et ce sont précisément, les héritiers de ce dieu séraphique, que je sollicité ici pour célébrer, comme il se doit, la magnificence de la poésie. Commençons par les plus anciens : Jean de la Croix, Pierre de Ronsard, Juan Ramón Jiménez, Paul Valéry, Marina Tsvétaïeva, René Char, Eduardo Sanguineti, Salah Stétié et ce serviteur de muses et de nymphes que j'ai toujours été avec le pinceau ou la plume à la main. Pour terminer cet introït nécessaire, je le ferai en citant quelques paragraphes du livre prodigieux de Fabrice Midal, que je vous recommande : "Pourquoi la poésie ?". "Le poète est donc l'homme de l'amour extrême. Mais pourquoi ? Parce que l'amour nous arrache à nous-mêmes, nous pousse à l'impossible, fait éclater les étroites limites dans lesquelles nous sommes emprisonnés. Aimant, le poète ne s'appartient plus, il y a en lui quelqu'un qui est plus lui-même que lui... Aimer, c'est prendre un risque et entrer dénudé dans l'inconnu. Être prêt à tout perdre. A tout donner. A tout recevoir... Le poète sait que le plus grand courage est d'aimer vraiment ! Voilà la grande leçon de la poésie ! Et son insupportable présence !" Alors, je vous laisse enfin en compagnie de ces corps nus et diaphanes, qui nous livrent leur quintessence sans attendre aucun réconfort. Peut-être vivons-nous dans un monde sans amour ? Sans amour et sans culture, dirait Orphée faisant pleurer d’amertume sa lyre. En dépit d'apparences, c'est pour cela que j'ai peint ces toiles, avec l'espoir, sans offusquer personne, d'ébranler les cœurs.
Enán Burgos
|