Nuño Aguirre de Cárcer Girón

 

ITINERARIOS

 

ITINERAIRES

 

Ventanas

Escritura es el vaho que se condensa
al mirar la tormenta.

Es el fuero a pagar por no mojarse.
Por escuchar el resplandor del rayo.

Escritura es un dedo
que va tanteando arterias en la lluvia.

Resbala la mirada por la córnea.                       

Sin empapar la página.
Sin percibir el viento.
Sin rasgar el cristal.

 

Fenêtres

Écriture est la buée qui se condense
en regardant l’orage.

Elle est le privilège à payer pour ne pas se mouiller.
Pour écouter l’éclat de la foudre.

L'écriture est un doigt
qui tâtonne dédales sous la pluie.

Le regard glisse.

Sans tremper la page. 
Sans sentir le vent.
Sans déchirer la vitre.

 

Quema.

Hacer arder todo rastrojo.
Dejar que todo lo querido,
lo consentido,
vuelva a su condición de combustible.
Aguardar a que espese la ceniza,
a que el vientre se calme, se detenga.

La penúltima estancia:
Respirar savia gris sin asfixiarse.
     
Una brasa palpita, irreductible,
negándose a extinguirse por completo.
Ella es quien traza el círculo,
quien crea los nidos y las madrigueras,
quien se condensa en lluvia y atrae a las manadas.
     
La estoy viendo crecer bajo mis pies.
Trato de no apoyarme en nada.
No sé cómo avanzar con mis raíces.

Feu de brousse.

Laisser brûler tout le chaume.
Laisser tout ce qu'on aime,
le choyé,  
revenir à sa condition de combustible.
Attendre que les cendres épaississent
que le foyer s'apaise.

Avant dernière stance  :
Respirer la sève grise sans s’asphyxier.

Une braise palpite, irréductible,
refusant de s’éteindre complètement.
C’est elle qui trace le cercle,
qui crée les nids et les terriers,
qui se condense en pluie et attire les troupeaux.

Je la vois pousser sous mes pieds.
J’essaie de ne m’appuyer sur rien.
Je ne sais pas comment avancer avec mes racines.

 

Desierto

Llueve.
Llueve sobre mi incendio provocado,
sobre mis dunas finamente horizontales,
sobre esta arena en que he borrado los mapas
(hice arder todas las ausencias,
rehuí todo cortafuegos,
negué al viento).

Llueve, y son semillas.
Todo lo evaporado se condensa.
Cada gota es cada grano finamente desecado.
Rebelándose.
Revelándose.

Intento arder pero el intento es una almendra
que brota de entre mis manos.

Broto.
Lluevo.
Almendro.

Désert

Il pleut.
Il pleut sur mon incendie provoqué,
sur mes dunes finement horizontales
sur ce sable où j’ai effacé les cartes
(j’ai fait brûler toutes les absences,
j’ai esquivé tout coupe-feu
j'ai renié le vent).

Il pleut, et ce sont des graines.
Toute la brume se condense.
Chaque goutte est chaque graine finement séchée. ''''' Se révoltant.
Se révélant.

J’essaie de brûler mais la tentative est une amande
qui pousse entre mes doigts.

Pousse.
Pleurs.
Amandier .

 

 

Resta

'''''''De cada pérdida, de cada resta,
en el centro del pecho
dejar constancia.
Escrita.
Imposible edificar sin consistencia.

       Disminuir. Sí, pero
con precaución.
Atento.

       Al hacerse leve
el apego se condensa en cosas más pequeñas.

Y se hace fuerte.
Y se enquista.

 

Soustraction

''''''De chaque perte, de chaque soustraction
au centre de la poitrine
laisser un témoignage .
Écrit.
Impossible d'édifier sans force.

      Diminuer. Oui, mais
avec précaution.
Attentif.

      En se faisant léger
l’attachement se condense en signes plus petites.

Et il devient fort.
Et il s’incruste.

 

 

Goteo

Soy una gota.
Vacía.
Soy una gota de sudor vacía.
Suspendida.
Soy una gota de sudor vacía suspendida en el lomo del leopardo,
suspendida en el lomo
de un leopardo suspendido en el vacío,
rama,
al acecho.

 

Escucho: hay
gravedad.
No, más bien: soy
de gravedad.
Mis bordes pesan.
Se condensan.
Toman forma.
Y caigo.

 

Caigo con el leopardo.
Caigo en todas direcciones.
El mundo surge, mundo.
Mi mundo.
Manchas en la piel.
Piel del cielo.
Parece que cielo.
Parece, tan sólo.
Mero concepto.
Concepto vacío.

 

Soy un concepto.
Vacío.
Atrapado en la caída,
espera suspendida
en una rama
inerte.

 

Goutte

Je suis une goutte.
Vide.
Je suis une goutte de sueur vide.
Suspendue.
Je suis une goutte de sueur vide suspendue sur le dos du léopard
suspendue sur le dos
d’un léopard suspendu dans le vide,
branche,
aux aguets.

 

J’écoute : c'est
la gravité.
Non, plutôt : je suis
la gravité.
Mes bords pèsent.
Se condensent.
Prennent forme.
Et je tombe.

 

Je tombe avec le léopard.
Je tombe en tous sens.
Le monde surgit, monde.
Mon monde.
Taches sur la peau.
Peau du ciel.
Il semble que le ciel.
Il paraît si seul.
Simple concept.
Concept vide.

 

Je suis un concept.
Vide.
Rattrapé dans sa chute,
attente suspendue
sur une branche
inerte.

 

 

Encontrar

             Encontrar algo. Lo que sea. Cavar un hueco en la memoria. Enterrar el objeto. Taparlo con tierra, con hábitos. Lo que se encuentre a mano. Seguir caminando. Dar un rodeo. Meter la mano. En el bolsillo, en un cajón olvidado, en un álbum hecho trozos. Lo que se encuentre al alcance de la mano.
            Notar el objeto. Sentirlo cerca. Sin tocarlo.
            Dejarlo ahí. A la vista. Desencontrado.

 

            Encontrar la paz.

 

 

Trouver

''''''''''''Trouver quelque chose. N’importe quoi. Creuser un trou dans la mémoire. Enterrer l’objet. Le couvrir avec de la terre, avec des habitudes. Ce qui se trouve dans les mains. Continuer à marcher. Faire un détour. Introduire la main. Dans la poche, dans un tiroir oublié, dans un album réduit en morceaux. Ce qui se trouve à portée de main.
            Percevoir l’objet. Le sentir près. Sans le toucher.
            Le laisser là. À la vue. Découvert.

 

            Trouver la paix.

      

 

 

 

In / Ex

 

Soy.
Sólo yo soy.
Mis raíces son el mundo.

 

Inspiración.
Expiración.
Virutas del árbol del aire.

 

Je suis.
Seul je suis..
Mes racines sont le monde.

 

Inspiration
Expiration.
Copeaux de l’arbre du vent.

 

 

 

Me quedaré mirando la pelea de los ciervos mentales.
Me quedaré mirando la pelea.
Me quedaré mirando.

 

Me quedaré mirando.
Me quedaré mirando la hojarasca.
Me quedaré mirando la hojarasca resolverse en idea.

 

Je regarderai le combat des cerfs mentaux.
Je regarderai le combat.
Je regarderai.

 

Je regarderai.
Je regarderai les feuilles mortes.
Je regarderai les feuilles mortes se changer en idée.

 

 

 

Una llama ha prendido en el incienso.
La atención humea, se condensa.
La veo caer como ceniza al suelo.

 

No hay caer. Caer
es de lenguaje.
Condensarse es un zumbido en la yema de los dedos.
La atención ocurre, sólo a veces,
en todas direcciones.

Une flamme a pris dans l’encens.     
L’attention fume, se condense.
Je la vois tomber comme de la cendre sur le sol

 

Il n’y a pas de chute. Tomber
appartient au langage.
Se condenser est un bourdonnement au bout des doigts.
L’attention a lieu, quelquefois,
en toutes directions.

 

 

Dentro. La inmensidad
de los ojos cerrados.
Sin ojos.
Los confines del dentro.
Y dentro, los confines del mundo.
                                               
                                                          

¿Y la ceniza?

  

                                  ¿Y el suelo?

 

 

Dedans. L’immensité 
des yeux clos.
Sans yeux.
Les confins du dedans.
Et dedans, les confins du monde.
                                              

Et la cendre?

                                   

Et le sol?

 

 

Me preguntan por mí: yo
respondo sin mí.
Después, meticulosamente,
retiro las flores diminutas surgidas en la barba.

 

Me preguntas por mí. Yo
Respondo sin mí.
Sin que me arrastre tu existencia
Hasta la orilla líquida del río.

Y encallamos.

Ils m’interrogent sur moi: je
réponds sans moi.
Ensuite, méticuleusement,
J’ôte les fleurs minuscules jaillissant de la barbe.

 

Tu m’interroges sur moi. Je     
Réponds sans moi.              
Sans que ton existence me traîne
Jusqu’à la rive liquide du fleuve.

Et nous échouons.

 

 

Pasan las barcas.
El agua se agita
Y se aquieta.
Sentado en la orilla,
sin parpadeo alguno,
el que sueña las barcas
permanece.

 

Flotando.
Flotando bajo el río.
Como el sedimento.
Boca arriba.
Viendo pasar las barcas.

Les barques passent.
L’eau s’agite
et s’apaise.
Assis sur la rive du fleuve,
sans aucun cillement,
celui qui rêve de barques
demeure.

 

Flottant.
Flottant sous le fleuve.
Comme le sédiment.
Sur le dos.
Regardant passer les barques.

 

El viento peina las acacias.
La mirada licua el pensamiento.
La respiración
                        se extingue.

El viento peina las acacias.

Le vent peigne les acacias.
Le regard liquéfie la pensée.
La respiration
                        s’éteint.

Le vent peigne les acacias.

 

Viento con acacias.
El paseante añade las espinas, el temblor,
impone el movimiento al aire
que envuelve las acacias.

La respiración es cómplice.
La mirada, activa.

El viento peina las acacias.

Vent dans les acacias.
Le promeneur ajoute les épines, le frisson,
impose le mouvement à l’air
qui entoure les acacias.

La respiration est complice
Le regard, actif.

Le vent peigne les acacias. 

 

 

 

 

Nuño Aguirre de Cárcer Girón.

Au milieu de l'aspérité qui corrode le monde, la poésie de Nuño Aguirre de Cárcer Girón, est une respiration, une barque légère flottant à l'horizon où la lumière de l'être célèbre les incendies. Nous nous consumons sans pour autant nous sentir  aliénés, la cendre précède l'absence. A travers cette contemplation paraît la lucidité, s'évapore le néant éclairant alors l'infaillible. Libérée de tout courant, de toute mode, elle demeure… Ardeur est sa forme, ardeur est son fond, espace manifeste et dispersé qui vient se déposer sur la langue, tel un jet de lumière, écartant du moi ce qui n'est pas silence. Son rapport presque ontologique au langage et a l'univers, fait de ce jeune poète, une promesse. Tout porte à croire qu'il sera dans les années à venir une des figures incontournables de la poésie espagnole écrite en castillan. Sa fascination pour l'image, au lieu de rendre sa poésie narrative et soumise à l’expérience, le pousse au-delà, l'éloigne de la rhétorique et des faux éclats liés à la métaphore. La langue libérée ainsi de tout impératif de représentation, devient le réfèrent même du poème. Parole fragile, obscure parfois, elle brille par la précarité de son chant.

En medio de la aspereza que coroe el mundo, la poesía de Nuño Aguirre de Cárcer Girón, es una oxigenación, una barca leve flotando sobre el horizonte donde la luz del ser celebra los incendios. Sin prisa, ardemos sin ser alienados, la ceniza precede la ausencia. Hallamos lucidez al contemplarla, la nada se evapora alumbrando lo infalible. Libre de toda corriente, de toda moda,  perdura… Ardor es su forma, ardor es su fondo, espacio patente y disperso que se deposito sobre la lengua y sale como un chorro de luz retirándole al yo lo que no es silencio. Su relación casi ontológica al lenguaje y al universo, hacen del joven poeta que es Nuño, una promesa. Todo hace pensar que será en los años venideros una de las figuras ineludibles de la poesía española escrita en castellano. Su fascinación por la imagen, en vez de volver su poesía narrativa y sumisa a la experiencia, la conduce a otro lugar, alejándola de la retórica o de los falsos destellos de la metáfora. El verbo liberado así de toda representación imperiosa, se convierte en el referente mismo del poema. Palabra frágil, oscura a veces, que brilla por la precariedad de su canto.

ENÁN BURGOS ARANGO

 

 

Nacido en Madrid, 1982. Estudió Teoría de la Literatura y Literatura Comparada en París, Madrid, donde se licenció en 2005, y Edimburgo (Master with Honours en 2006). Fue lector de español en la Universidad de Cocody-Abidjan (Costa de Marfil) y organizador del taller de lectura del centro cultural Miguel de Cervantes de la embajada de España en Costa de Marfil durante el periodo 2007 – 2008. Actualmente realiza estudios de doctorado en la Universidad Autónoma de Madrid.

Desde 2004 sus textos han ido apareciendo en diversas revistas, como “Cuadernos del matemático”, “Ariadna” o “Letralia”. Recientemente, sus poemas fueron seleccionados en el primer concurso de poesía “Delenda est Cartago”.

En 2008 Tres elogios fue galardonado con el IX premio de poesía de la Universidad Autónoma de Madrid.
 
Participó como poeta invitado en el festival de poesía “Voix de la Mediterranée” organizado en Lodève (Francia) en 2009. Su poesía fue incluida en la antología del festival.

En 2010 fue de nuevo invitado al sur de Francia, para dos recitales en forma de duo con el poeta estadounidense Charles Kenneth Williams, que tuvieron lugar en Grabels y Frontignan, respectivamente. Los poemas fueron editados por la asociación “Humanismo et culture” en versión bilingüe.

 

Né à Madrid, 1982. Il a étudié la Théorie de la Littérature et la Littérature Comparée à Paris, Madrid, où il a obtenu le diplôme de licencié en 2005, et Édimbourg (Master with Honours en 2006). Il a été lecteur de l'Espagnol dans l'Université de Cocody-Abidjan (Côte d'Ivoire) et organisateur de l'atelier de lecture du centre culturel Miguel de Cervantes de l'ambassade de l'Espagne en Côte d'Ivoire durant la période 2007 - 2008. Il réalise actuellement des études de doctorat dans l'Université Autonome de Madrid.

Dès 2004 ses textes apparaissaient dans de diverses revues, comme "Cahiers du mathématicien", "Ariadna" ou "Letralia". Récemment, ses poèmes ont été sélectionnés dans le premier concours de poésie "Delenda est Carthage".

En 2008 "Trois éloges" il a été récompensé par le IX prix de poésie de l'Université Autonome de Madrid.

Il a participé comme poète invité dans le festival de poésie "Voix de la Mediterranée" Lodève (France) en 2009. Sa poésie a été incluse dans l'anthologie du festival.

En 2010 il a été à nouveau invité en France, pour deux récitals en forme d'un duo avec le poète américain Charles Kenneth Williams qu'ils ont eu lieu à Grabels et Frontignan (sud de la France) respectivement. Les poèmes ont été édités par l'association "l'Humanisme et culture" en version bilingue.

Concept graphique / Concepto gráfico : Enán Burgos Arango.

La photo de Nuño Aguirre de Cárcer Girón est de Paloma Serra Robles.

La foto de Nuño Aguirre de Cárcer Girón es de Paloma Serra Robles.

Un grand merci à France Galey pour son aide précieuse concernant la traduction des poèmes de l'Espagnol en Français.

Nuestro más sincero agradecimiento para France Galey por su preciosa ayuda en lo que concierne la traducción de los poemas del Español al Francés.

 

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03 / 04 / 2011

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