SALAH STÉTIÉ

 

MIROIR DE GUÊPES

ESPEJO DE AVISPAS

 

I

Je frappe aux grandes portes   J'ai froid
Et mon épaule a longtemps porté l'oiseau
De l'air mendiant   Ma tête est consumée
Dans les Égyptes

Ouvrez-moi, vous, les habitués d'un rire
Derrière les murs visités des colombes
Afin de me laisser vous présenter
Mes pieds de pauvre ayant beaucoup couru

Douleur sur moi par le vœu de ma mère !
Elle très sainte et couronnée de grands tabacs
Sur l'autre rive et je vous donnerai
Ses mains aussi

Ouvrez-moi   Ouvrez-moi   Je crie
Vers la lumière étroite et l'innomé du nom
Avant le corps tourmenté des nuages
Sur vous et moi et ce qui va venir

 

I

Toco en las grandes puertas   Tengo frío
Y mi hombro cargó por mucho tiempo el pájaro
Del aire mendicante   Mi cabeza consumida
En Egiptos

Ábranme, ustedes, acostumbrados a reír
Detrás de los muros visitados por palomas
con el fin de dejarme presentarles
Mis pies de pobre que mucho han corrido

¡Sobre mí el dolor del voto de mi madre!
Ella muy santa y coronada de grandes tabacos
Sobre la otra orilla os daré
También sus manos

Ábranme .Ábranme . Grito
Hacia la luz estrecha y lo innominado del nombre
Antes del cuerpo atormentado por nubes
Sobre usted y yo y lo que va a venir

 

 

 

II

Saisir le point du feu et pénétrer
Dans ce jardin de toutes soies confuses
Je suis couvert par l'ange de parole
Et mon corps est traversé d'un fleuve

Que faire ici sinon cueillir
L'esprit du lieu sans fruit et sans aiguille
N'était ce feu qui brûle aux places d'herbe
Pour calmer le soupçon ?

Puis repartir   Ayant goûté
Le nul   Et retrouver les fruits   Et d'une main
Restituer ses plumes de parole
À l'ange froid du seuil

 

II

Coger el punto del fuego y penetrar
En ese jardín con todas las sedas confusas
Estoy cubierto por el ángel de la palabra
Y mi cuerpo es cruzado por un río

¿Qué hacer aquí sino recoger
El espíritu del lugar sin fruto y sin aguja
No siendo el fuego que calcina las plazas de pasto
Para calmar la sospecha?

Luego irse de nuevo   Habiendo saboreado
Lo nulo   Y encontrar los frutos  Y con una mano
Restituir sus plumas de palabra
Al ángel frío del umbral

 

 

 

III

Ardent, je dis : voici l'étoile dégagée
Sur nos prairies et voici son gant de fer
Les rossignols serrés dans le plaisir des arbres
Ont pénétré par effraction l'œuvre du sang

Leur feu ! Gosiers rosiers criblés de pluie
Vers vous mes langagiers noircis sous la verdure
Attendant l'aube avec l'épée du ciel
Vos grands genoux dans les ruisseaux, casseurs d'astres

Avant ma mort je dis dans les cuisines
Les dieux par les ambiguïtés et les déserts
Puis le désir debout comme l'œuf des jarres
Et toi soleil, tueur bordé de flûtes,
Ton œil pleurant dans les volubilis

 

III

Ardiente, digo: he aquí la estrella despejada
Sobre nuestras praderas y he aquí su guante de hierro
Los ruiseñores apretujados en el placer de los árboles
Penetraron facinerosos la obra de la sangre

¡Su fuego! Gaznates rosales acribillados por lluvia
Hacia ustedes mis pañales ennegrecidos bajo el verdor
Esperando el alba con la espada del cielo
Sus grandes rodillas en los arroyos, rompedoras de astros

Antes de mi muerte pronuncio en las cocinas
Los dioses por las ambigüedades y desiertos
también el deseo levantado como el huevo de las jarras
Y tú, sol, matachín bordeado por flautas,
Tu ojo llorando en las enredaderas de campanillas

 

 

 

IV

Soyez inhabités si des colombes
Aux carrefours se font   Sur vous j'ai preuve
Moi que des ombres rouent un jour de cuivre
Je vous provoque et j'ai la décision

Un feu n'est rien   Mais la cime des femmes
Suspendue amoureusement dans la parole
Et le feu même en lion s'il se déploie
Et s'il s'étend sur les armes couchées

Toutefois rien si l'image est nombreuse
Et seulement sous le moulin d'eau vaine
Je parlerai pour le saisissement
Des cerfs-volants dans le ciel insaisissable

 

IV

Sed deshabitados si palomas
En encrucijadas se forman   Sobre ustedes tengo prueba
Yo que sombras arrollan un día de cobre
Los incito y es mía la decisión

Un fuego no es nada   Pero la cima de las mujeres
Suspendida amorosamente en la palabra
Y el fuego incluso en león si se despliega
Y si se extiende sobre las armas acostadas

No obstante nada si la imagen es numerosa
Y solamente bajo el molino de agua vana
Hablaré para atraer   
Los cometas en el cielo inasequible

 

 

 

V

Dans le creux de la tête ces feux très froids
À les toucher ils brûlent   Le soleil d'une épaule :
Va-t-elle mourir ? Va-t-il guérir ? Il faut de l'air
Aux plantes où le cœur se délie du cœur

Il faut sauver le cœur avant l'apparition
De ces guetteurs de haine aux doigts purs retenus
Avec le plus abstrait de leurs crocs animaux
Sur le plus doux des fils des filles de leurs bouches

Le cœur ira sans doute avec ces filles
Vers les trous de partout   Il y aura fête
Au sommet de ce ciel avant tous les sommeils
De ces drapeaux ombreux qui vont s'éteindre

 

V

En lo hueco de la cabeza estos fuegos muy fríos
Al palparlos queman    El sol de un hombro:
¿Morirá? ¿Se aliviará? Aire les falta
A las plantas donde el corazón se desliga del corazón

Hay que salvar el corazón antes de la aparición
De esos centinelas del odio a los dedos puros retenidos
Con el más abstracto de sus colmillos animales
Sobre el más dulce de los hijos de las niñas de sus bocas

El corazón irá sin duda con estas niñas
Hacia los hoyos de todo sitio   Habrá fiesta
En la cúspide de ese cielo antes de todos los sueños
De esas banderas umbrosas que van a extinguirse

 

 

 

VI

Ô temple ô bienfait de ma tête
Sur le lac ô démesuré
J'ai patience

Livre du lac, lames des pages froides
Avec des arbres pour un bleu plus froid que l'arbre
Avec le soc du soleil dans le songe

Et qu'un guerrier s'égare il sera pris
Par le talon et prêté aux images
Et nous ferons semblant d'être des compagnons

Il faudra bien que ses mots et les miens
Montent ensemble à l'assaut d'un désir
Qui de partout nous tombe   J'ai
Dans ma robuste main le feu fort

– Après nous boirons tous deux
L'éclat du vin

 

VI

Oh templo oh bondad de mi cabeza
Sobre el lago oh inmoderado
Tengo paciencia

Libro del lago, láminas de páginas frías
Con árboles para un azul más frío que el árbol
Con la grada del sol en el ensueño

Y si un guerrero se pierde será atrapado
Por el talón y entregado a las imágenes
Y fingiremos ser compañeros

Sería bueno que sus palabras y las mías
Juntas se lancen al asalto de un deseo
Que por todas partes nos derriba  Tengo
En mi mano robusta el fuego recio

- Después ambos beberemos
El fulgor del vino

 

 

 

VII

Et puis du soc contre le ciel   Ces labours
Sont pour des moissons pâles à grains durs
Où notre cœur ira les matinées
Chercher le corps et l'habit de parole

Si la terre bleuie du ciel avare
Nous refuse le pain et consentir
À notre ombre ici mal décidée
Nous aurons mal à des liaisons sans membres

Il faut le pain sous l'odeur des violettes
Fût-il funèbre et sur toutes ces tables
Ouvertes sur la mer on secouera
Les fragments –
Disputés par les chiens et les anges

 

VII

Y también de la rastra contra el cielo  Esas labranzas
Son para cosechas pálidas de granos duros
Donde nuestro corazón irá de madrugada
A buscar el cuerpo y el atavío de palabra

Si la tierra azulada por el cielo avaro
Nos niega el pan y no cede
A nuestra sombra aquí mal decidida
Tendremos pena en las uniones sin miembros

Hace falta que el pan bajo el olor de las violetas
fuese fúnebre y sobre todas esas mesas
Abiertas sobre el mar sacudiremos
Los fragmentos-
Disputados por los perros y los ángeles

 

 

 

VIII

Cela s'arrêtera   L'eau la plus rare
S'égarera   Il faudra boire la pluie
Et provoquer le décret des nuages
Pour laver nos maigres mains de leur victime

Il faudra nous vêtir de ruse et nous glisser
Entre les astres casqués debout aux seuils
Sans être brûlés d'eux et sans être
Dévorés par les rois de nos visages

Et qui gouvernera la terre haute,
Et basse et pauvre en lait sous le bétail,
Sacré – mais étonné d'une verdure
Épaisse et dominée d'aigles lyriques ?

 

VIII

Aquello se detendrá    El agua más rara
Se extraviará     Habrá que beber la lluvia
Y provocar el dictado de las nubes
Para lavar nuestras escuálidas manos de su víctima

Habrá que vestirnos de astucia y deslizarnos
Entre los astros con yelmos y parados en los umbrales
Sin ser quemados por ellos y sin ser
Devorados por los reyes de nuestros rostros

¿Y quién gobernará la tierra alta,
Y baja y pobre con leche bajo el ganado,
Sagrado - pero atónico ante la verdura
Espesa y dominada por águilas líricas?

 

 

 

IX

Le jour d'une justice   Ne pas le perdre
Et le tirer sur la rive en mélancolie
Et lui confier le peu resté pour
L'objet du désir en densité

Et ces cailloux devenus galets par les vagues
Pour y signer son chiffre mais non le rendre
À tout le nombre, et les arbres de l'étendue
Grand déployés et tirés par les feuilles

Et lui qu'il vienne en notre sein et contre nos poitrines
Et mette fin au contre et qu'il nous tue
Afin que notre cœur devienne un lièvre
Ailleurs ici aperçu non aperçu

 

IX

El día de una justicia   No perderlo
Y arrojarlo sobre la orilla en melancolía
Y confiarle lo poco dimitido para
El objeto del deseo en densidad

Y estos pedruscos vueltos guijarros por las olas
Para firmar su cifra sin librarlo
A todo número, y los árboles de la extensión
Magnos desplegados y jalados por las hojas

Y él que venga en nuestro seno y contra nuestros pechos
Y ponga fin al encono y que nos mate
De suerte que nuestro corazón se haga una liebre
En otra parte aquí mirado no mirado

 

 

 

X

Vers le visage de la mort avec ma barque.
Derrière j'ai laissé le temps aux bras brisés
Le corps du matin courant dans les libres

Les liserons du désir étreignent les puissances jaunies
Moi je vais peigné d'âcres nacres
Et sur mon poing mon compagnon l'aigle Jean

Parce que c'est la nuit les forêts tombent
L'image est remontée dans ses montagnes
La rive brille petitement

 

X

Hacia el rostro de la muerte con mi barca.
Detrás le dejé el tiempo a los brazos quebrantados
El cuerpo de mañana corriendo por lo libre

Hiedras del deseo estrechan fuerzas amarillentas
Voy peinado por corrosivos nácares
Y sobre mi puño mi compañero el águila Juan

Porque es de noche los bosques desplomados
La imagen ha trepado en sus montañas
La orilla fulgura menudamente     

 

 

Traduction /Traducción : ENÁN BURGOS

 

Enán Burgos, "Montamour", technique mixte sur papier, 50 x 65 cm, mai 2011.

 

 

 

De toujours la mort, la nuit et l’ombre doublent les exultations du poème. Le compagnonnage peut être discret, présence allusive qui  rend encore plus brillant l’éclat fragile de la vie. Il peut aussi, tel les paroles du commandeur,  s’imposer, exigeant  et impérieux, donnant à la musicalité du poème une teinte funèbre. N’est-ce point sous cette lumière trouble que Miroir des Guêpes développe son chant ? A l’élan du désir, au bonheur de la parole libérée, quelque chose de compact et de sourd s’oppose où la prière échoue. Ouvrez-moi, ouvrez-moi «sur la lumière étroite et l’innominé du nom» peut crier le poète entouré des grandes images fétiches qui lui ont fait escorte tout au long de son œuvre, sans qu’aucun autre écho ne lui revienne que son cri même. Le poème doit-il, peut-il  se faire le lieu, le très pauvre lieu du nul ? Est-ce là son éthique et,  plus encore, l’essence de son être ? Salah Stétié n’a pas hésité à affirmer à plusieurs reprises que «la poésie est liée consubstantiellement à la mort», mais c’est moins pour y consentir  que pour mieux  rappeler combien «la fertilité des apparences, leur variété heureuse et ce chant qui les fait palpiter et miroiter comme les feuilles de l’arbre couvert d’olives, ont pour contre partie un sol calciné». Il faut sans doute consentir à «l’esprit du lieu sans fruit et sans aiguille» pour retrouver «les fruits». Entre douleur et exultation, nourri d’images qui se développent dans un ait raréfié,  Miroir des Guêpes tire de la tension qui le déchire entre ces deux extrêmes, une stabilité harmonique comparable aux odes de Purcell merveilleusement sensuelles dans leur mélancolie.
 Frapper à la porte de la nuit n’est pas y consentir  et s’y perdre, mais s’y éprouver «ardent» et crier encore une fois la beauté périssable du monde, encore plus belle d’être périssable. Le désir s’y ressource, arqué sur lui-même d’autant plus fort qu’il ne s’élance plus à la poursuite parcellaire de l’objet d’une satisfaction privée  mais revendique au nom de la vie même, reconnue comme «désir qui de partout nous tombe». Cerné de toutes parts d’ombres errantes, de menaces haineuses, de raréfaction des possibles, le poète par consentement au dépouillement retrouve la force oraculaire de la parole. Ce qui était prière  aux puissances obscures devient commandement : «Sur vous j’ai preuve»,  «je vous provoque et  j’ai  la décision».  Surprenantes  en leur simplicité les images sont convoquées et se présentent dociles, la langue en quelque sorte domptée.  Originaire et matriciel le désir se tient «debout comme l’œuf des jarres», ces formes archaïques  parfaites, gardiennes de l’eau fraîche. Colombes, filles, femmes, de toujours habitantes du poème stétien, traversent le Miroir des Guêpes, y insufflant moins une présence qu’un arôme de féminité à laquelle la parole est «amoureusement suspendue». Enfin parce que «la parole la plus spirituelle» a partie liée avec  «l’organique», que le corps, ce corps merveilleux  même touché par l’usure, dit encore à travers mille subtilités, qu’il est miroir du tout, en un rapprochement brutal  mais digne de la simplicité homérique, le poète ne craint pas de convoquer  les dieux à l’intérieur des cuisines, lieux où la matière devient substance et le langage brut, parole.
Cette beauté partout répandue et qui semble, tant elle touche au plus nu de nos vies, donnée de droit,  est cependant conquise de haute lutte  au point d’en rester comme secrètement menacée. Menacée par le temps et la mort son alliée, c’est là logique imparable. Mais plus encore menacée en son cœur par un questionnement proche du doute, celui de «l’image nombreuse» et de «l’eau vaine». Cependant si la force combative n’y suffit  plus  d’autres armes encore se présentent qui permirent jadis à Ulysse de regagner Ithaque : l’obstination, la ruse,  la patience. Une posture poétique se dessine, celle du dernier Rimbaud : «tenir le pas gagné», poursuivre la quête, humblement, mais non sans grandeur, pour garder, en notre époque inquiète et déchirée, si oublieuse du «jour de justice», «l’objet du désir en densité».

Paule Plouvier

 

 

Por siempre la muerte, la noche y la sombra doblan las exultaciones del poema. Su camaradería puede ser discreta, presencia alusiva que hace más brillante el destello frágil de la vida. Puede también, tal palabras del comendador, imponerse, exigente e imperiosa, dándole a la musicalidad del poema un tinte fúnebre. ¿No es de esa manera, bajo la luz turbia, que Espejo de Avispas desarrolla su canto? Al alce del deseo, a la felicidad de la palabra liberada, algo compacto y sordo se opone donde la oración fracasa. Ábranme, ábranme "hacia la luz estrecha y lo innominado del nombre" puede gritar el poeta rodeado de las grandes imágenes fetiches que lo escoltaron a lo largo de su obra, sin que retorne ningún otro eco que su propio grito. ¿El poema debe, puede ser el lugar, el lugar tan pobre de lo nulo? ¿Es esa su ética y, aún más, la esencia de su ser? Salah Stétié no vaciló en afirmar repetidas veces que "la poesía está ligada consustancialmente a la muerte", lo que no se hace para conllevar si no para recordar lo mucho que "la fertilidad de las apariencias, su variedad oportuna y ese canto que las hace palpitar y espejear como las hojas del árbol cubierto de olivas, poseyendo en contrapartida un suelo calcinado". Hay que aceptar sin duda “el espíritu del lugar sin fruto y sin aguja" para reencontrar "los frutos". Entre dolor y exultación, alimentado de imágenes que se desarrollan en un hallar rarificado, Espejo de Avispas encuentra la tensión que lo desgarra entre estos dos extremos, una estabilidad armónica comparable a las odas de Purcell maravillosamente sensuales  en su melancolía.
Llamar a la puerta por las noches no es consentir y perderse, sino tantear "ardiente" y gritar una vez más la belleza perecedera del mundo, aún más bella al ser transitoria. El deseo propio se incrementa, arqueado en sí mismo no se lanza más a la persecución parcelaria del objeto de una satisfacción propia, pero exige en nombre de la vida misma, reconocida como "deseo que por todas partes nos derriba”. Cercado plenamente por sombras errantes, ceños vengativos, rarefacción de lo posible, el poeta con consentimiento o con depuración recobra la fuerza augural de la palabra. Lo que era oración con oscuras fuerzas se hace mandamiento: "sobre ustedes tengo prueba", "los incito y es mía la decisión". Sorprendentes por su sencillez, las imágenes son convocadas y se presentan dóciles, la lengua en cierto modo adiestrada. Originario y matricial, el deseo se mantiene "levantado como el huevo de las jarras", esas formas arcaicas perfectas, guardianas del agua fresca. Palomas, niñas, mujeres, desde siempre habitan el poema stétien, atraviesan el Espejo de Avispas, insuflándole no tanto una presencia pero sí un aroma de feminidad del cual la palabra se haya "amorosamente suspendida".  Ya que al fin "la palabra más espiritual" en parte ligada con  "lo orgánico", porque el cuerpo, ese cuerpo maravilloso aunque hurgado por la usura, dice también, a través de mil sutilezas, que es espejo de todo; en una aproximación brutal pero digna de la sencillez homérica, el poeta no teme convocar a los dioses dentro de las cocinas, lugares donde la materia se hace sustancia y el lenguaje crudo, palabra.
Esta belleza por todas partes difundida que parece, con demasía tocar lo más desnudo de nuestra vida, por derecho dada, es conquistada sin embargo con altiva lucha, hasta el punto de permanecer al parecer secretamente amenazada. Amenazada por el tiempo y la muerte, su aliada, es la lógica  irremediable. Aunque más amenazada en su corazón por un interrogatorio cercano a la duda, el de " la imagen numerosa " y del “agua vana”. Sin embargo si la fuerza combativa no basta,  otras armas no obstante se presentan, quiénes le permitieron antaño a Ulises volver a Ítaca: la obstinación, la astucia, la paciencia. Una postura poética se dibuja, la del último Rimbaud: "asentar el paso conquistado", proseguir la búsqueda, humildemente, pero no sin grandeza, para guardar, en nuestra época inquieta y desgarrada, tan olvidadiza del "día de una justicia", "el objeto del deseo en densidad".

Paule Plouvier

 

 

 

 

Agrégée, Docteur d’état, Paule Plouvier est Professeur émérite de poésie moderne et contemporaine à l’Université Paul Valéry, Montpellier. Auteur de La poétique de l’amour chez André Breton (Corti, 1983), Sous la lumière de Nietzsche Rimbaud ou le corps merveilleux, (Ed. Thééthète, 1996), Itinéraires de Salah Stétié en collaboration avec R.Ventresque (L’Harmattan, 1996) ; Colloque René Char dix ans après (L’Harmattan, 1999), Pierre Torreilles, entre splendeur hellénique et méditation hébraïque du souffle, (L’Harmattan, 1010), elle a également travaillé sur les rapports qui se sont noués entre peintres et poètes. Ecrivain elle a publié un roman, Maisons de la colère, chez Gallimard, et un recueil de nouvelles, Solitudes ordinaires, à l’Harmattan.

 

 

Catedrática y titular de un doctorado estatal, Paule Plouvier es Profesora emérita de poesía moderna y contemporánea en la Universidad Paul Valéry de Montpellier. También autora de La poética del amor de André Bretón (Ed. Corti, 1983), Bajo la luz de Nietzsche Rimbaud o el cuerpo maravilloso, (Ed. Thééthète, 1996), Itinerarios de Salah Stétié en colaboración con R.Ventresque (Ed. El Harmattan, 1996); Coloquio René Char diez años después (Ed. El Harmattan, 1999), Pierre Torreilles, entre esplendor helénico y meditación hebraica del soplo, (ED. El Harmattan, 1010), también trabajó sobre el tema de las relaciones que se forjaron entre pintores y poetas de renombre. Novelista, publicó una novela, Casas de la cólera, Editorial Gallimard, y un libro de relatos, Soledades ordinarias, Editorial El Harmattan.

 

 

Le poème MIROIR DES GUÊPES de Salah Stétié a été publié en son intégralité par la Revue Levant N° 11, 2010, Cahiers de l’espace méditerranéen. Nous remercions le poète de nous avoir accordé le droit de le publier partiellement dans notre site PLEAMAR DIGITAL.  Nous remercions également Paule Plouvier pour sa généreuse et créative participation.

El poema ESPEJO DE AVISPAS de Salah Stétié ha sido publicado en su integridad por la Revista Levant N ° 11, 2010, Cuadernos del espacio mediterráneo. Agradecemos al poeta por habernos concedido el derecho a publicarlo parcialmente en nuestra página web PLEAMAR DIGITAL. Nuestros agradecimiento también para Paule Plouvier por su participación generosa y creativa.

 

Ecouter la voix / Escuchar la voz de Salah Stétié

SEL

L'ECORCEMENT

RIVAGE DE POUNT

 

SALAH STÉTIÉ: Né au Liban, au carrefour des civilisations arabe et européenne. Salah Stétié a, plus qu'un autre éprouve le choc de l'histoire, vécu et souffert le désir d'unité.
Cette confrontation, cependant, ne l'a pas conduit à choisir un monde contre un autre, mais bien au contraire à tenter de les concilier en forgeant un langage qui leur soit commun.
Dans ce désir de voir dans le bassin méditerranéen un espace non de guerre mais de rencontre, il s'en explique dans son essai Les Porteurs de feu (1972), à la fois prélude à sa poésie et étude approfondie des racines spirituelles du monde arabe ainsi que de son possible avenir.
Il y parle notamment de sa conception du poème: "cessant d'être description, nomenclature, inventaire de surface, le poème sera un nœud de forces consumées dans l'acte même qui les noue, et devenues matières invisible, champ magnétique". Cet espace de consumation, véritable creuset où toute la disparité contradictoire du monde se trouverait soudain concentrée en un alliage d'une exceptionnelle densité, porte à son point d'unité le plus haut.

Extrait de l'Encyclopaedia Universalis.

SALAH STÉTIÉ: nacido en el Líbano, en la encrucijada de las civilizaciones árabes y europeas. Salah Stétié, más que cualquier otro, ha experimentado el choque de la historia, vivido y sufrido el deseo de la unidad.
Esta confrontación, sin embargo, no lo condujo a escoger una civilización contra la otra, sino por el contrario, lo indujo a tratar de conciliarlas, fraguando un lenguaje que sea común a ellas.
Es su deseo ver en la cuenca mediterránea un espacio no de guerra pero sí de encuentro, lo que  explica en su ensayo “Los Portadores de fuego” (1972), a la vez preludio a su poesía y estudio profundo de las raíces espirituales del mundo árabe así como de su futuro posible.
Habla allí, particularmente, de su concepción del poema: "dejando de ser descripción, nomenclatura, inventario de superficie, el poema será un nudo de fuerzas consumidas en el mismo acto que las anuda, y vueltas materia invisible, campo magnético". Este espacio de consumación, crisol verdadero donde toda la disparidad contradictoria del mundo se encontraría de repente concentrada en una aleación de una densidad excepcional, llevada a su punto más alto de unidad.

Extracto de la Enciclopedia Universalis.

 

Pour plus d'information sur l'oeuvre de Salah Stétié / Para más información sobre la obra de Salah Stétié :

Lien du site web / Enlace de la página web de Salah Stétié

http://www.salahstetie.com

 

 

ÉVÉNEMENT ET ACTUALITÉ

Le 22 Juillet 2011 dans le cadre du festival de poésie "VOIX VIVES" de la Méditerranée en Méditerranée à Sète, France, sortira le dernier livre de Salah Stétié  "Éros gramophone" édité par la maison d'édition COLOR GANG. Poésie en dialogue avec trois peintures originales d'Enán Burgos. Pour plus d'information voir l'encadré ci-dessous.

 

 

EVENTO Y ACTUALIDAD

El 22 de Julio de 2011 durante el Festival de poesía “VOIX VIVES” del Mediterráneo en el Mediterráneo, Seta, Francia, verá la luz el último libro de Salah Stétié “Eros gramófono” editado por la casa editorial COLOR GANG. Poesía en diálogo con tres pinturas originales de Enán Burgos.  Para más información ver el encuadrado aquí abajo.

 

 

 

Concept graphique de la page / Concepto gráfico de la página

ENAN BURGOS

Juillet / Julio 2011

http://pleamareditorial.free.fr

retour / retorno